jeudi 27 février 2014

Do you speak English ? - 2

Je reprends aujourd'hui ma série sur les faux anglicismes, pour vous prouver si besoin en était, que le français en est truffé.



Petit rappel de ce qu'est un faux anglicisme pour ceux qui ont oublié ou qui sont de passage sur ce blog (Soyez les bienvenus !) :


Tout le monde connaît les anglicismes et peut citer au moins un exemple d'un mot anglais employé en français « à tort » (je mets des guillemets car tout dépend de quel point de vue on se place, comme je le disais en commentaire dans mon dernier article sur le sujet...).

Les faux anglicismes, en revanche, sont plus difficiles à déceler pour qui n'est pas versé dans les langues et la linguistique. Inutile de vous inquiétez : je suis là pour vous aider à les débusquer si ça vous intéresse :-) car, comme je l'ai déjà dit, ces mots m'intriguent et m'amusent énormément ! Je m'étonnerai toujours du génie de la langue, comme on appelle ça en linguistique, qui fait que tel ou tel mot s'impose dans le langage par rapport à toutes les autres possibilités. Qu'est-ce qui fait qu'un mot d'origine anglaise, espagnole, italienne ou autre est préféré par les locuteurs plutôt qu'un mot français « pur jus » ?

Bref. Pour en revenir à nos moutons, les faux anglicismes sont des mots utilisés en français qui ont l'apparence d'un mot anglais, mais qui n'en sont pas, car le mot n'existe pas tel quel dans la langue de Shakespeare. Cependant, le faux anglicisme est quand même formé sur une racine anglaise, et possède également des suffixes conformes aux règles de grammaire anglaises. En résumé, ce sont des usurpateurs, dont il convient de se méfier ! Comme disent nos chers amis d'Outre-Manche : Don't judge a book by its cover !*


Aujourd'hui, je vous propose une petite liste de mots tout aussi innocents que mes premiers exemples, qui sont tous de faux anglicismes. Le thème de la liste que je vous ai concoctée est le look et l'habillement (un thème de fille, quoi :-) ).



Petit jeu "Do you speak English ?"



Pour changer un peu, j'ai décidé de créer un jeu de devinettes pour l'occasion : je vous mets les mots utilisés en anglais illustrés d'une photo. À vous de retrouver comment nous appelons ces vêtements et concepts en « français ». Les réponses viendront un peu plus tard :-), accompagnées de détails linguistiques pour ceux que ça intéresse.

Attention ! Nous recherchons uniquement des mots français qui sont de faux anglicismes !





1. Tuxeco (ou « tux » pour les intimes)










2. Tracksuit









3. Panties, ou knickers, ou briefs











4. Trainers, ou sneakers

 










5. Makeover










6. A body piercing (Facile, celui-là, je sais, tout comme le mot suivant... Mais veuillez remarquer, chers lecteurs, qu'à chaque fois l'expression anglaise correcte a été tronquée en français, et qu'un anglophone penserait que vous commettez une faute si vous employiez le seul mot utilisé en français dans une conversation anglaise...)












7. Face-lifting











 À vous de jouer :-)




>>>>>>>> Les explications sont ici !




* Expression idiomatique anglaise qui correspond plus ou moins au français L'habit ne fait pas le moine, ou Une hirondelle ne fait pas le printemps.



Do you speak English ? - 1




mardi 18 février 2014

Dans les toilettes de mes parents, il y avait...

Dans les toilettes de mes parents, il y avait une bibliothèque avec un assemblage de livres aussi étrange qu'hétéroclite. Je sais, pour avoir visité bon nombre de toilettes dans des intérieurs divers et variés, que l'idée des rayonnages de livres dans ce lieu exigu n'est pas si insolite que ça en a l'air.


Celle-ci est très harmonieuse ! Celle de mes parents était plus faite de bric et de broc...


Chez certaines personnes, les étagères dans les toilettes constituent avant tout un moyen d'occuper toute la surface exploitable de l'habitation : Il n'y a plus de place dans le salon ni dans la chambre pour les livres. Qu'à cela ne tienne, on va mettre des étagères dans les toilettes, ça fera moins d'espace de perdu ! Chez ces gens-là, en général, les livres rangés sur les étagères des toilettes sont bien ordonnés, soit par ordre alphabétique, soit par genre.



En revanche, chez mes parents, la bibliothèque des toilettes prenait une tout autre fonction, et c'est pour cela qu'elle revêt un charme particulier à mes yeux. Des livres, il y en avait certes partout dans l'appartement, mais ceux qui avaient été placés aux toilettes ne l'étaient pas par manque de place, puisque ces toilettes ne comportaient que deux minuscules rayonnages où une petite trentaine de livres, à vue de nez, s'y tenait (les deux étagères n'étaient pas remplies).

Mais c'est surtout les contenus des livres qui se trouvaient là qui m'interpellent aujourd'hui.

Il n'était pas rare d'entendre ma mère dire : « Ah ben tiens, ce livre on va le mettre aux toilettes, comme ça, vous pourrez le lire aussi ». Quelle idée saugrenue, pourront penser certains. Et avec le recul, j'avoue volontiers que ça peut paraître étrange.

Par conséquent, les livres qui atterrissaient aux toilettes, chez nous, n'avaient pas de raison particulière d'y être ou de ne pas y être : c'était au bon vouloir des occupants de la maisonnée. La preuve, c'est qu'il y en avait vraiment pour tous les goûts. Certains y sont restés durant les 22 années que mes parents ont occupé l'appartement, quand d'autres n'y ont fait qu'un bref séjour de quelques semaines, ou quelques mois. Ce qui est sûr, c'est que tous m'ont marquée d'une manière ou d'une autre.


Sur ces étagères, il y a avait

 

1) Des livres à feuilleter





Le livre des Pourquoi ? de Philippe Vandel









Rien n'est simple et Tout se complique de Sempé




(L'image n'est pas belle mais comme c'est exactement cette édition que nous avions, je la mets quand même :-) )




Le petit Nicolas de Sempé & Goscinny




Le catalogue d'objets introuvables de Carelman



Ainsi qu'un livre de blagues suisses dont je ne me souviens plus le titre, mais je sais qu'il était tout vert !




1) Des livres pour se creuser la cervelle pendant qu'on fait son affaire :





  • 101 jeux & énigmes, un livre de poche dont je ne dois pas bien me rappeler le titre car je ne le trouve nulle part, mais qu'est-ce que j'ai pu passer du temps à essayer de résoudre les énigmes qu'il contenait ! Du genre : « Avec 9 allumettes combien de triangles peut-on former au maximum ? » Les solutions étaient présentées sous forme de schémas et dessins, et ça me fascinait tellement, quand j'étais gamine...

  • Un livres sur les problèmes mathématiques insolubles, dont je ne me rappelle plus le titre exact.





Réussir le Rubik's cube





3) Des ouvrages très sérieux




Le français dans tous les sens de Henriette Walter






Une brève histoire du temps de Stephen Hawking





4) Quelques romans




Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos






Le passe-muraille de Marcel Aymé







Le roman de la momie de Théophile Gautier





... et sans doute quelques autres que j'ai oubliés.

En plus de tout cela, chaque membre de la famille y laissait aussi de temps en temps un livre « en cours de lecture », que l'occupant suivant pouvait donc lire à loisir pendant son passage au petit coin.


Bien sûr, tous ces livres reflètent avant tout les goûts éclectiques de mes parents. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que, quelque part, ils m'ont aussi façonnée telle que je suis aujourd'hui. Par exemple, le livre d'Henriette Walter sur l'histoire des langues m'a subjuguée quand je l'ai lu. Je ne savais pas qu'on pouvait aussi bien parler de l'histoire des langues. Ça m'a captivée. J'étais déjà nettement atteinte à l'époque, passionnée par l'apprentissage de l'anglais, de l'espagnol, du latin et d'une troisième langue vivante, jugée totalement excentrique par mon entourage (l'hébreu*), et ce livre m'a ouvert les yeux sur toutes les connexions existantes entre toutes ces belles langues. Apprendre les langues, c'était bien, mais connaître leur histoire et savoir jeter des ponts linguistiques entre elles, c'était encore plus beau ! Ce livre m'a donné le goût de la linguistique bien avant que je ne sache ce que c'était, et que je suive des cours à l'université, plus tard.

Tous ces livres sont associés à des souvenirs, loin d'être scatologiques, je cous rassure :-)

Je me rappelle du Passe-muraille, par exemple. Il est resté sur l'étagère pendant longtemps. Je le regardais, mais il ne m'interpelait pas vraiment. Sa couverture me faisait même un peu peur. Et puis un jour, je suis allée à Montmartre avec des amis, et je me suis retrouvée face à la statue du Passe-Muraille, très impressionnante, qui m'a donné envie d'en savoir plus. Et je me suis donc mis à la lecture de ce recueil de nouvelles... aux toilettes :P.




Mes toilettes à moi, aujourd'hui, sont tout ce qu'il y a de plus banal. Juste quelques mots-croisés et sudoku à disposition, c'est tout.

Et vous, comment sont vos toilettes ? Y a-t-il des livres ? Des mots-croisés ? Un miroir (si, si, j'en ai déjà vues avec un miroir !) ? Une déco particulière ?




* Je vous raconterai l'histoire de mon apprentissage de l'hébreu un autre jour :-) Malheureusement, faute de pratique, au jour d'aujourd'hui, je ne peux plus aligner deux mots, et serait bien incapable de comprendre ce que dit la belle reprise trouvée par hasard l'autre jour...





dimanche 16 février 2014

Les chansons voyageuses - 2 - Sur un air latino

Je n'aime pas particulièrement la musique latino, du type salsa, bossa nova et autres mambos, à l'exception du tango, que je trouve très envoûtant. La danse en elle-même est magnifique. L'un de mes rêves de petite fille était d'ailleurs d'un jour pouvoir danser le tango avec mon amoureux, avec toute la sensualité que requiert cette danse particulièrement érotique. Autant vous dire tout de suite que je suis loin du compte :-)

Donc, je n'aime pas trop la musique latino, mais j'aime certains des grands standards repris par les plus grands crooners, car il faut reconnaître que c'est une musique qui s'exporte bien, et qui en a inspiré plus d'un.

Aujourd'hui, je vous propose donc de découvrir ou redécouvrir trois titres d'origine latino-américaine, ayant été repris de différentes manières.





Quizás, quizás, quizás est un boléro, écrit par le cubain Osvaldo Farrés en 1947. La chanson fut ensuite adaptée en anglais en 1958 par Nat King Cole, sous le titre Perhaps, Perhaps, Perhaps.

Le titre a été repris des dizaines de fois par une pléthore d'artistes, les enregistrements les plus célèbres étant sans doute ceux de Doris Day (en anglais) et Celia Cruz (en espagnol). Mais il existe bien d'autres reprises, comme celle de Cake, par exemple, que je trouve très moderne, tout en respectant étonnamment bien l'original.

Je vous ai même trouvé une version en français par un duo de femmes des années 1950, les sœurs Étienne, que je ne connaissais pas. Une version que j'aime beaucoup. Elle a aussi été interprétée à l'origine en français par Luis Mariano, et Henri Salvador, ce qui ne m'étonne guère de sa part. Plus insolite, elle a été reprise intégralement en français (et non en anglais), par une chanteuse vietnamienne : Ngoc Lan (cliquer sur le lien pour en savoir plus sur la chanteuse).

Ci-dessous une version moitié vietnamienne, moitié française par Ngoc Lan.





À noter que les paroles de la chanson en anglais, en espagnol et en français sont très proches (pour le vietnamien, je ne saurais dire !), même s'il ne s'agit pas de traductions mot à mot, la version française étant plus développée que les deux autres. Il s'agit d'un homme qui émet des doutes quant à la fidélité de sa compagne. Rien de bien original, en somme. Mais il faut reconnaître que la mélodie est diablement efficace et nous reste en tête pendant un bon moment après une seule écoute :-)





Le deuxième titre latino incontournable que je voudrais vous faire partager est Sway. Je donne volontairement le titre de la version anglaise en premier, car je crois que c'est celle que nous connaissons le mieux en France. Pourtant, à l'origine, cette chanson est un mambo composé par un Mexicain, Pablo Beltrán Ruiz, en 1953.

On peut écouter une version en espagnol par Pedro Infante ici, et une autre par un jeune chanteur afro-mexicain, Kalimba, là. La version la plus connue en anglais est sans doute celle de Dean Martin, mais il y en a eu des tas. À noter la reprise d'Arielle Dombasle qui mêle l'anglais et l'espagnol.
 
Récemment, le titre a été repris en français par Dany Brillant et Damien Sargue, sur l'album Forever Gentlemen. J'ai eu beau chercher, je ne trouve pas qui a réalisé cette adaptation en français, que je trouve très réussie. J'ai l'impression que l'adaptation a été créée expressément pour cet album de reprises. Si quelqu'un à des informations à partager à ce sujet, je suis preneuse.

Enfin, pour terminer ce florilège, je vous invite à écouter cette version islandaise par Bjork, pour le moins originale, car revisitée façon jazzy...




... et, pour vous prouver que tout est possible, je vous laisse également écouter le refrain de ce titre de Diam's :-)






« Laisse-moi kiffer la vibe avec mon mec,
Je suis pas d'humeur à ce qu'on me prenne la tête 
Pa-pa-pa-pam pa-pam pa-pam ..... »


Ça vous dit quelque chose... ? :-)




Le troisième et dernier titre dont je vais vous parler aujourd'hui est une chanson connue de tous les francophones, puisqu'il s'agit d'un titre incontournable de Piaf. Pourtant, peu de gens savent qu'il s'agit en réalité d'une reprise (et oui, même Piaf faisait déjà des reprises, bien que tout le monde dise que ce soit à la mode dernièrement ;-) )

Amor de mis amores, est à l'origine une valse intitulée Que nadie sepa mi sufrir, écrite en 1936 par deux Argentins (musique d'Ángel Cabral et paroles d'Enrique Dizeo), laquelle a inspiré La Foule, adaptée en français par Michel Rivgauche et interprétée par Édith Piaf en 1957. La chanson a été reprise par de nombreux interprètes en espagnol sous le nom de Amor de mis amores.


Je ne vous fais pas l'affront de vous mettre la version de Piaf, ultra connue, mais je vous mets une version espagnole reprise par Florent Pagny il a quelques années.






Paroles de Amor de mis amores  Traduction en français par Isis
No te asombres si te digo lo que fuiste, Ne t'étonne pas si je te dis que tu as été
una ingrata con mi pobre corazón, Ingrate envers mon pauvre cœur
porque el fuego de tus lindos ojos negros Parce que  la flamme de tes beaux yeux noirs 
alumbraron el camino de otro amor. Éclairait le chemin d'un autre amour


Y pensar que te adoraba tiernamente, Et pourtant je t'adorais tendrement
que a tu lado como nunca me sentí. À tel point qu'à tes côtés je ne me suis jamais aussi bien senti
Y por esas cosas raras de la vida Et, comme il arrive parfois dans la vie,
sin el beso de tu boca yo me vi. Je me suis retrouvé sans les baisers de ta bouche 


Amor de mis amores, Amour de mes amours
reina mía, qué me hiciste Ma reine à moi, que m'as-tu fait ?
que no puedo conformarme Je ne peux me résigner
sin poderte contemplar. À ne plus pouvoir te contempler
Ya que pagaste mal Tu as bien mal payé
a mi cariño tan sincero, Ma tendresse si sincère
Sólo conseguirás Tout ce que tu auras gagné
que no te nombre nunca más. C'est que je ne pronconcerai plus jamais ton nom


Amor de mis amores Amour de mes amours
si dejaste de quererme, Si tu a cessé de m'aimer
no hay cuidado que la gente Il ne faut pas que les gens
de eso no se enterará. Apprennent ce qui s'est passé
Que gano con decir Qu'est-ce que je gagnerais à dire
que una mujer cambió mi suerte, Qu'une femme a changé mon destin ?
se burlarán de mi, On se moquerait de moi !
qué nadie sepa mi sufrir. Que personne ne connaisse ma douleur !






Paroles de La Foule
Je revois la ville en fête et en délire
Suffoquant sous le soleil et sous la joie
Et j'entends dans la musique les cris, les rires
Qui éclatent et rebondissent autour de moi
Et perdue parmi ces gens qui me bousculent
Étourdie, désemparée, je reste là
Quand soudain, je me retourne, il se recule,
Et la foule vient me jeter entre ses bras...

Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Écrasés l'un contre l'autre
Nous ne formons qu'un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse, enchaînés l'un et l'autre
Et nous laisse tous deux
Épanouis, enivrés et heureux.

Entraînés par la foule qui s'élance
Et qui danse
Une folle farandole
Nos deux mains restent soudées
Et parfois soulevés
Nos deux corps enlacés s'envolent
Et retombent tous deux
Épanouis, enivrés et heureux...

Et la joie éclaboussée par son sourire
Me transperce et rejaillit au fond de moi
Mais soudain je pousse un cri parmi les rires
Quand la foule vient l'arracher d'entre mes bras...

Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Nous éloigne l'un de l'autre
Je lutte et je me débats
Mais le son de sa voix
S'étouffe dans les rires des autres
Et je crie de douleur, de fureur et de rage
Et je pleure...

Entraînée par la foule qui s'élance
Et qui danse
Une folle farandole
Je suis emportée au loin
Et je crispe mes poings, maudissant la foule qui me vole
L'homme qu'elle m'avait donné
Et que je n'ai jamais retrouvé...



À noter que la version espagnole raconte l'histoire d'une rupture, alors que La foule parle d'une rencontre...


Pour finir, je voudrais vous faire partager cette magnifique version en hébreu, époustouflante de sobriété, que je trouve extrêmement belle :



La jeune femme s'appelle Roni Ginossar et semble ne pas être véritablement connue en dehors de son pays d'origine, mais j'espère que cela va changer.

À priori, elle chante ici une version créée par une autre artiste israélienne en 1975, Eva Alberstein, que je n'ai malheureusement pas pu trouver sur le net.

EDIT : Je l'ai trouvée :-) Elle se trouve ici ! Une version plus enlevée, en guitare plus voix, plus proche des versions espagnoles et de Piaf. (J'ai eu du mal à trouver à cause des retranscriptions en caractères latins qui varient beaucoup, les sons hébreux différant des sons traditionnellement retranscrits avec l'alphabet utilisé en occident. Jusqu'à ce que j'aie l'idée de copier tout simplement directement les caractères hébreux ci-dessous : c'est beau, l'hébreu !)


חוה אלברשטיין - חיוכים







Désolée d'avoir mis du temps à publier ce billet : je tiens une bonne bronchite depuis deux semaines. Je ne suis toujours pas guérie, mais je vais mieux !


À bientôt !

Les chansons voyageuses - 1





lundi 3 février 2014

Et si c'était vrai...?

J'ai d'abord vu par hasard le film sorti en 2005 réalisé par Mark Waters, interprété par Reese Witherspoon et Mark Ruffalo. Je l'ai vu par hasard, et j'ai vraiment bien aimé. (Le film est sorti en VO sous le titre Just Like Heaven.)

En bref, c'est l’histoire d'un jeune veuf qui emménage dans un appartement de San Francisco dans lequel il fait la rencontre d'une jeune femme qui y vit également. Le film est très bien mis en scène par le réalisateur. On sait dès le début que c'est une médecin urgentiste qui vient de subir un accident de voiture, et on apprend au fil de l'histoire que sa famille loue son appartement en attendant son éventuel réveil du coma dans lequel elle est plongée depuis lors.


Avec un tel sujet, le film aurait pu facilement tomber dans le mélodrame. Mais non, pas du tout. Le scénario est même souvent très drôle. Car David (le jeune homme) est en fait le seul à voir le «fantôme » d'Elizabeth (Liz, la fille dans le coma et propriétaire de l'appartement), ce qui occasionne des scènes quelque peu cocasses.

Évidemment, ce qui devait arriver arriva : David et Liz tombent éperdument amoureux l'un de l'autre et s'aiment d'une passion sans espoir...

D'aucuns diront sans doute que c'est un film à la guimauve pour Bridget Jones en mal de romance...

Moi je dis : J'étais en couple quand je l'ai vu et le sujet m'a tout de même émue. Pourquoi faudrait-il être malheureuse pour être touchée pas les histoires romantiques ? En tout cas, je préfère largement les belles histoires d'amour (celles qui sont bien racontées s'entend) qu'un film de guerre aussi épique soit-il.

Bref. 

Peu de temps après, ayant appris que ce film était tiré d'un roman, je me le suis procuré à ma médiathèque préférée.

Le film est en réalité basé sur le premier roman de Marc Lévy, paru en 2000, vendu a plus de 5 millions d'exemplaires, publié dans 32 pays.


Pour moi aussi, c'était mon premier roman de l'auteur, que j'ai donc lu après avoir vu le film du même nom. Autant j'ai bien aimé le film, même si c'est sans doute un peu trop fleur bleue pour certains, autant je n'ai pas aimé le bouquin. Encore un film qui a été largement modifié par rapport au livre, mais pour une fois, je dois dire que c'était très judicieux de la part du scénariste. À côté, le livre m'a paru complètement irréaliste et très plat en même temps...

C'est extrêmement rare que je sois déçue par le livre dont est issu un film. À ce jour, le seul binôme livre/cinéma dans lequel je trouve les films plus réussis que les livres est la saga du Seigneur des Anneaux, de J. R. R. Tolkien, portée à l'écran par Peter Jackson. En règle générale, je sais donc que si j'ai aimé un film, il y a de fortes chances pour que j'apprécie encore plus le livre. Et bien dans le cas présent, ma théorie s'est démentie :-)

Je vais être obligée de vous dévoiler un peu l'intrigue pour que vous compreniez de quoi je veux parler. Alors, si vous ne connaissez ni l’œuvre cinématographique, ni le roman correspondant, et que vous aimeriez pouvoir vous forger votre propre opinion le moment venu, n'hésitez pas à passer directement à la fin de mon article !

David comprenant que Liz est en fait dans le coma et qu'il est le seul à la voir, il décide d'entreprendre de la sauver avant que la famille et les médecins ne la débranche. Dans le film, il monte une « opération commando » avec son meilleur ami, sans vraiment lui expliquer de quoi il s'agit d'ailleurs, mais au dernier moment, alors qu'ils s'apprêtent à sortir le corps de Liz de l'hôpital, les deux complices se font prendre en flagrant délit. La scène est un peu tirée par les cheveux, mais ça fonctionne.

Dans le livre, en revanche, j'ai été passablement étonnée de voir que la même scène se trouve en fait au milieu du livre (alors que dans le film elle intervient peu avant le dénouement), et surtout qu'elle ne se termine absolument pas de la même manière. Car Marc Lévy avait vu son histoire son un angle totalement différent : dans le livre, le vol du corps se passe sens encombre. David, alias Arthur dans le livre (Elizabeth s'appelle Lauren dans le livre) l'emmène à sa maison de campagne ni vu ni connu et installe son corps dans une chambre de la demeure familiale de son enfance, pendant qu'il file le parfait amour avec l'esprit de Lauren.

Dans le livre, ce long passage à la campagne (totalement absent du film) est entrecoupé par les retranscriptions de lettres laissées à l'intention d'Arthur par sa mère (décédée) et de longs flashbacks dans l'enfance de celui-ci (sans oublier les intrusions de l'inspecteur de police à la recherche du corps de Lauren...). Ce passage permet en fait à l'auteur d'assener un message qui visiblement lui tient à cœur :

Tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir (...) tout est possible. » (p. 87), le bonheur est fugace et il faut profiter de l’intensité du moment présent : « Personne n’est propriétaire du bonheur, on a parfois la chance d’avoir un bail, et d’en être locataire. » (p. 91).

Le message ne me dérange pas en soi, l'intention est même tout à fait louable, mais ça occasionne des longueurs un peu malvenues, à mon humble avis (à ce stade on a plutôt hâte de savoir si Arthur et Lauren vont pouvoir concrétiser leur amour d'une manière ou d'une autre !)







Après cette première expérience de lecture involontaire de Marc Lévy, je suis allée piocher d'autres livres de l'auteur à la bibliothèque, pour voir : Le premier jour. Je l'ai personnellement trouvé nettement plus réussi que son premier ouvrage. Certes, ça reste assez prévisible et convenu, mais ça se lit bien, je trouve.







Et La première nuit : la suite et fin du Premier jour emprunté juste avant. Bon, ben c'est pas mal, ça se lit bien, mais je suis pas sûre d'en emprunter d'autres de cet auteur...






Concernant Et si c'était vrai


Je pense qu'il faut prendre le livre et le film comme deux œuvres à part entière (ce n'est sans doute pas innocent si les scénaristes ont décidé de modifier les prénoms des deux protagonistes, outre d'autres détails moins significatifs). Les partis pris sont tellement différents dans l'une et l'autre œuvre, que j'ai l'impression que si on est séduit par le livre, on n'appréciera pas le film, et inversement...

Pour ma part, si je comprends bien (et respecte) les intentions de Marc Lévy, j'avoue que son écriture et ses choix scénaristiques ne m'ont pas vraiment convaincue, tandis que la version cinéma, retravaillée, débarrassée des passages superflus ou trop tirés par les cheveux, m'a largement plus séduite. Et pourtant, le film conserve tout de même une part de magie ou surnaturel, comme on voudra, qui permet de de s'évader et de faire rêver le téléspectateur.

Marc Lévy, après avoir connu ce premier succès fulgurant, a publié toute une série de romans, puis une suite à Et si cétait vrai ? intitulée Vous revoir, en 2006 (que je n'ai pas lue).

Et vous, connaissez-vous Marc Lévy ? Aviez-vous vu le film ou le livre dont je parle ?