mercredi 22 janvier 2014

Les enfants de la Terre - 2

Les Enfants de la Terre est une saga en 6 volumes, écrite par une romancière américaine répondant au nom de Jean Marie Auel. La particularité de la saga est de se dérouler à l'ère glaciaire et d'avoir pour héroïne une femme appartenant à l'espèce des Cro-Magnon, côtoyant d'autres personnages néandertaliens. 

Pour information, j'ai déjà publié un premier billet sur cette saga.

Les six volumes sont parus dans l'ordre suivant :


1. Le clan de l'ours des cavernes (The Clan of the Cave Bear)

2. La vallée des chevaux (The Valley of Horses)

3. Les chasseurs de mammouths (The Mammoth Hunters)

4. Le grand voyage (The Plains of Passage)

5. Les refuges de pierre (The Shelters of Stone)

6. Le pays des grottes sacrées (The Land of Painted Caves)



Dans ce second billet, après avoir été plutôt élogieuse à l'égard de cette série, je souhaite vous faire part de ce qui m'a déplu dans ces romans.



Ce que je n'ai pas aimé

1) Les livres comportent énormément de répétitions. Certes, la saga étant particulièrement longue, il convient de rappeler au lecteur tel ou tel épisode ayant eu lieu plus tôt dans la trame historique, afin que celui-ci puisse s'y retrouver facilement. Mais reprendre intégralement des passages entiers, qui n'apportent pas forcément quelque chose de surcroît, était-il vraiment nécessaire ? En outre, ces répétitions intervenant dès le deuxième opus, pour qui choisit de lire la saga d'une traite, cela fait beaucoup de pages « en trop », que j'ai personnellement choisi de sauter sans états d'âme...




2) Avant d'entamer l'écriture de cette saga, l'auteur a effectué énormément de recherches auprès de paléontologues, de musées, et même in situ dans les Pyrénées et sur d'autres sites préhistoriques. Dans ses livres, elle s'efforce donc de fournir un maximum d'informations au lecteur sur les mœurs de ces peuples ancestraux. Cela va des techniques de chasse et de pêche aux mets consommés, en passant par les techniques de couture et tissage ainsi que par l'invention accidentelle de tout un tas d'objets ou techniques divers et variés, sans oublier les mœurs des animaux sauvages et les vertus des plantes cueillies. Ces passages encyclopédiques ne manquent pas d'intérêt d'un point de vue scientifique ou historique, mais je trouve personnellement qu'ils alourdissent le récit au point de parfois l'entrecouper gauchement. Encore des passages entiers que je me suis permis de sauter, surtout à la deuxième lecture.

3) La société des Cro-Magnons est décrite comme matriarcale. On y vénère Donii, la Déesse Mère, ainsi que la femme en général. Elle est au centre de tout un ensemble de rites sacrés, dont les rites d'éveil à la sexualité (First Rites for the Gift of Pleasure en anglais) occasionnant de nombreuses scènes de sexe très détaillées. Attention, je ne dis pas que les scènes érotiques me gênent (au contraire, j'aime bien quand les romans en incluent, si elles sont bien écrites, car cela pimente un peu le récit, tout en éveillant l'imaginaire), mais dans Les Enfants de la Terre, les scènes au lit sont presque toutes identiques et incroyablement nombreuses. J'ai sacrément enrichi mon vocabulaire anglais...!




4) En raison des différences culturelles et d'éducation entre les deux héros, des qui pro quo surgissent régulièrement entre Jondalar et Ayla. S'ils sont vraisemblables au début, ils deviennent par trop agaçants par la suite, car ils seraient souvent résolus à l'aide d'une simple discussion.

Par exemple, lors de leur première rencontre, Ayla interpète mal à plusieurs reprises les intentions de Jondalar à son égard, de même que Jondalar pense à tort qu'elle ne l'apprécie pas et qu'elle n'accepte sa présence à ses côtés que par devoir (pour le soigner). L'auteur joue beaucoup sur cette corde pendant plusieurs centaines de page. Même si la ficelle est un peu grosse, et que le lecteur sent venir le dénouement, s'agissant de la première occurrence, cela reste plausible.

En revanche, dans le tome II, l'auteur a une deuxième fois recours à ce procédé, qui passe beaucoup moins bien à mes yeux. Ranec, le Mamutoï noir amoureux d'Ayla, lui faisant des avances, Ayla se sent obligée de les accepter à cause de son éducation venue du Clan (où les femmes ne se refusent jamais à un homme, quel qu'il soit). Jondalar, toujours éperdument amoureux d'Ayla, prend la démarche de celle-ci comme un affront. Fou de rage, il refuse tout dialogue et s'enferme dans un mur de silence. Ayla ne comprend pas la réaction de Jondalar. Ce qui pro quo dure une bonne moitié du volume et traîne énormément en longueur. J'ai trouvé ce passage un peu tiré par les cheveux. En tant que lecteur, on a envie de bousculer Ayla et Jondalar pour qu'ils ouvrent les yeux et mettent leurs problèmes sur la table. C'est agaçant et frustrant !

Dans le tome 5 un autre qui pro quo à rallonge est surexploité par l'auteur... Trop c'est trop !





5) Les deux héros sont tellement parfaits que s'en devient agaçant. Dès qu'ils entreprennent quelque chose, tout leur réussit. Ayla est belle, intelligente, une guérisseuse hors pair, cuisine des plats délicieux, apprend les nouvelles langues en quelques jours à peine, etc. Jondalar est beau, intelligent, un amant parfait en tous points (non seulement il est pourvu d'un bel outil, mais il fait en plus toujours passer le plaisir des belles avant le sien ! Le rêve quoi :-) ) et un tailleur de silex extrêmement doué. Au cours de leurs aventures, ils trouvent des inventions résolvant tous leurs problèmes : ils inventent le travois, l'aiguille à chas, la production du feu par percussion de pierres, le propulseur de sagaie, la domestication des chevaux, celle du loup, la luge, les lunettes de soleil, (si, si) et j'en passe et des meilleures...

En mettant de côté les inexactitudes de l'auteur, malgré ses recherches poussées (car toutes les inventions mentionnées ne sont pas prouvées historiquement comme contemporaines des Cro-Magnon), le fait que ces héros soient absolument parfaits se révèle un brin lassant à la longue. Leur seul défaut est justement d'être trop parfaits ! Certes, Jondalar fait souvent preuve de jalousie, et Ayla ne sait pas chanter (la honte !). Mis à part cela, bien malin celui qui leur trouvera des défauts !




Conclusion personnelle :

Cette saga est une des plus longues que j'ai lue et surtout une des plus originales. J'ai lu d'autres saga aussi longues (les Harry Potter, ou bien, étant plus jeune, Les gens de Mogador), mais jamais se déroulant dans un environnement aussi dépaysant.

Les recherches de l'auteur sont clairement extrêmement approfondies, mais je trouve personnellement dommage d'avoir voulu en faire un étalage aussi détaillé tout au long des romans. Peut-être aurait-il mieux valu édulcorer quelque peu les passages encyclopédiques pour que le résultat soit moins indigeste.

Sur l'intrigue en elle-même, il faut dire, pour être honnête, qu'elle n'a rien de révolutionnaire. C'est une histoire d'amour somme toute assez banale, entre deux êtres que tout oppose au départ, pas si éloignée que ça de Roméo et Juliette. Les aventures vecues par nos deux héros n'ont rien d'exceptionnel, mis à part le fait qu'elles se déroulent chez nos lointains ancêtres.



J'ai quand même bien aimé le cheminement personnel d'Ayla au cours des 6 tomes. La rencontre entre elle et Jondalar, écrit cette fois d'une main de maître, reste sans nul doute mon passage préféré de la saga. D'autres passages sont très intéressants comme ses discussions spirituelles avec les divers chamans qu'elle rencontre au cours de ses aventures.

En bref, si vous avez envie de voyager, que vous aimez les belles fresques romanesques et que vous aimez apprendre de nouvelles choses, n'ayez aucune hésitation !

Toutefois, je ne conseillerais pas de lire toute la saga d'une traite, ni même en entier, car je trouve que la trame historique perd de son intérêt au fil des différents volumes. Les volumes 1 et 2 suffisent largement, avec le 3 en plus en option. Mais les 3 derniers risquent fort de vous décevoir...


Pour les anglophones qui veulent un autre aperçu de la saga (qui vaut son pesant de cacahuètes !), c'est par ici :-).

Pour ceux qui préfèrent lire en français, je vous ai trouvé une critique tout aussi bien faite par là !

Bonne lecture et à bientôt...

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